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Le ton a changé. J’émerge peu à peu des eaux noires de ma prostration et je réprime à grand’peine un sourire ! Allons ! ça s’arrangera. La femme demeure l’esclave de ses nerfs et subit le joug de ses impressions fugitives. La révélation inattendue a produit dans l’esprit de Judith comme un courant d’électrocution. Elle n’en est pas morte, mais… À ce moment précis, Judith semble s’arracher à sa fantaisie dissertatoire et, violemment, elle me bombarde de cette déclaration.

— Cela vous aidera sans doute, à pénétrer le mystère des enlèvements de jeunes gens.

Je saute sur un pied :

— Quoi ? Quels enlèvements ?… Et quel rapport ?

Judith imprime un léger mouvement à ses épaules :

— Comme autrefois, mon ami, comme autrefois… Seulement, nous n’enlevons pas les enfants pour expérimenter sur eux et leur emprunter… comment dire ?… leurs vessies dont vous avez fait de pâles lanternes ? Non. Nous, c’est pour leur assurer la vie, pour les sauver de l’ogre. Nous les avons mis à l’abri, placés loin de vos sortilèges. La cause est entendue. Vous ne pouvez plus rien contre eux.

Je crie, malgré moi, emporté par le galop de ma conviction :

— Impossible. Nous avons fouillé le globe dans tous les sens. Si vos jeunes gens existaient encore, nous les aurions retrouvés.

Les dents pointues de Judith se révèlent sous les lèvres rouges que retrousse un sourire aigu :

— Les retrouver ? Essayez. Croyez-vous que les découvertes, les vieilles découvertes d’Ugolin soient