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les maladies étaient guérissables par des piqûres dans le nez. Il s’attaquait, disait-il, aux bulbes. À la moindre névralgie, à la moindre douleur, vlan ! un coup de pointe dans le nez. L’appendice nasal en vit de toutes les couleurs. Les nez enflèrent, assumèrent des teintes indéfinissables, s’exhibèrent grotesques et pitoyables. Le professeur Morton, de Liverpool, s’éleva véhémentement contre ces pratiques et promulgua que le creux de la main était le véritable siège de la sensibilité. Mais le docteur Pougeol, de Carcassonne, intervint à son tour, pour préconiser la plante des pieds.

Ces disputes durèrent longtemps. Un groupe de médecins se réunit et décréta qu’il devenait indispensable d’interner l’individu sous une cloche pneumatique dans laquelle on introduisait un produit spécial où le chlore et l’iode s’épousaient à fortes doses. Ce traitement avait pour effet de pomper tout ce que l’organisme entretenait de nocif et d’épurer radicalement le sang. Il fit un nombre incalculable de victimes. Un autre groupe, non moins convaincu que le premier, assura qu’il fallait absolument combattre un fléau par un autre. On inocula le microbe de la peste aux patients atteints de coryza. On glissa le germe du choléra à tous ceux qui se plaignaient de laryngites. Ainsi la peste guérit le coryza, la dyphtérie guérit la peste, la grippe guérit la dyphtérie, la syphilis guérit la grippe, la tuberculose guérit la syphilis, le cancer guérit la tuberculose, la bronchite guérit le cancer, la dysenterie guérit la bronchite… Les cors aux pieds guérirent les maux de dents et les maux de dents guérirent les cors aux pieds. On connut des phénomènes qui collectionnèrent toutes