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pirer le souffle du large. La mer s’étendait devant mes regards, paisible et complice. Des bestioles blanches et roses se querellaient sur la crête des flots. Douceurs du rêve. Mon imagination vagabondante courait à cent à l’heure. Que faisaient les hommes, mes semblables ? Que devenait le monde ?

Ce qu’il devenait ? Il croulait, tout simplement. Dans les capitales, dans les grandes villes, Ugolin possédait des auxiliaires qui l’aidaient dans sa besogne de chirurgie sociale. Des quartiers entiers étaient rasés. Des masses d’individus étaient recrutés auxquels on assurait la pitance et l’abri et qui se transformaient en serviteurs zélés du Souverain. Les intellectuels, les techniciens, les artistes se rallièrent les premiers. Quant aux ouvriers, qui n’avaient rien à perdre, ils acceptèrent le travail qu’on leur imposait avec une sorte de fatalisme. Ceux qui luttèrent, ce furent les maîtres dépossédés, les hommes d’argent, les hommes de loi, les prêtres, les militaires… Pour eux, la victoire d’Ugolin, c’était la fin.

Après une trêve conclue entre les nations belligérantes, il fut décidé que l’assaut décisif serait donné à Ugolin. Des essaims de vaisseaux, de torpilles, d’avions de bombardement se lancèrent contre le Mont-Saint-Michel. La grande bataille se livra. Mais l’issue était prévue ! On assista à une répétition amplifiée de l’affaire de Meudon. Ni les bombes, ni les torpilles, ni les obus ne purent atteindre leur but, brisés net par un obstacle impénétrable. En même temps, les avions d’Ugolin, très haut dans le ciel, laissaient tomber un déluge de flamme sur l’ennemi, promenaient partout