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rajeunissement périodique de la femme. Certains incidents et une connaissance plus approfondie de l’être féminin m’ont conduit à modifier mes projets. La femme naîtra et mourra normalement, sans autre changement dans sa carrière que de se soumettre à la « disparition volontaire ». Dès qu’elle sera devenue impropre à l’amour, qu’elle ne saura plus provoquer le désir, qu’elle s’avérera incapable de fournir la joie des sens et de procréer, elle sera condamnée. Elle s’éteindra, du reste, sans souffrance, calmement, sereinement, son temps fini. Ainsi la vieille femme sera extirpée peu à peu de la société de demain. Cela autant pour châtier l’astuce et la perfidie de nos chères sœurs que pour assurer la domination définitive, absolue, de l’homme. La femme ne serait plus désormais qu’objet de plaisir, prétexte à volupté et à ensemencement. Et son rôle demeurerait, malgré tout, magnifique. La Femme, vase d’érection ! proclamait Ugolin avec un humour macabre.

Le nouveau maître ajoutait bien que la femme, durant sa courte existence, jouirait de toutes libertés et pourrait à son gré disposer de son corps, sans le moindre souci des morales périmées et grotesques conçues par l’imbécillité humaine. Mais cette obligation de renoncer, à l’heure où s’évanouit la féminité et où se flétrissent les charmes, telle que l’imposait un monstre de misogynie, parut à tous, et surtout à toutes, intolérable. Les douairières se sentirent immédiatement menacées ; les femmes mûres hurlèrent et, comme la jeune captive, assurèrent qu’elles ne voulaient pas mourir encore. De respectables féministes qui, pour la plupart,