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L’ordre régna à Paris. Il régna dans la famine, dans l’incertitude, dans le heurt des idées, des propositions, des tentatives d’organisation. Il régna dans l’effroi et l’abdication.

Le prolétariat vainqueur, aboyant par tous ses clubs et tous ses conseils, remit ses destinées aux mains de ses délégués — ses nouveaux maîtres. Et, alors, on se reprit à penser à Ugolin, à Ugolin qu’on avait oublié dans la bagarre.

Le point d’interrogation subsistait auquel nul n’avait la possibilité de répondre.

Ugolin, invisible et présent, dominait la situation.

Les commissaires du peuple portés au pouvoir par le déluge révolutionnaire se sentaient frissonner devant les menaces du lendemain. La Révolution était victorieuse. Il fallait maintenant recoudre. Le plus dur de la besogne restait encore à faire.

Ils se tournèrent vers Moscou.

La Révolution russe, depuis 1917, avait fait du chemin. Les sombres jours du communisme intégral s’évanouissaient au loin et, pour tous les esprits clairvoyants elle était depuis longtemps stabilisée dans une forme économique peu différente des autres États de l’Europe. Mais la propagande incessante des agitateurs avait tendu un voile sur les yeux des travailleurs occidentaux. Moscou demeurait toujours le pôle vers quoi convergeaient tous les enthousiasmes et tous les fanatismes. Moscou demeurait la ville sainte de la Révolution, La Mecque du prolétariat.

Et, pendant que le gouvernement bourgeois s’ingéniait à réunir toutes les forces de l’ordre pour marcher