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de justice, d’égalité, de liberté, ces toniques pour estomacs faibles, avaient tout risqué pour l’ébranler sans parvenir à autre chose que substituer une équipe dirigeante à une autre équipe. Ugolin, lui, ne s’est pas embarrassé de ces sornettes idéologiques ; il a tranché dans le vif, c’est-à-dire dans l’humaine Bêtise dont il a fait voler en éclats le front de taureau. Il a posé son pied sur la société comme sur une fourmilière. Mais quelles hécatombes insensées et quels coups de cognée dans la forêt de l’ignorance !



Assez pleurniché. Pesamment installé dans un fauteuil, paupières mi-closes, ma pensée se tortille vers les heures enfouies. Je revois le sauve-qui-peut des soldats, des chefs, de la foule massée autour du bois. La panique gagna jusqu’aux habitants des villages voisins. Des hommes, des femmes, des enfants couraient, pêle-mêle, sur les routes, soulevés par un ouragan de panique, comme ces bandes moyenâgeuses qui fuyaient devant l’invasion ou devant la peste. Tous allaient sur Paris, le seul refuge, l’unique abri. Et Paris, à ce moment même, était en pleine ébullition.

La nouvelle explosée dans la ville, sans qu’on sût comment, provoquait immédiatement une déflagration de rage. En moins d’une heure, les boulevards, de la Bastille à la Madeleine, la place de la Concorde, les Champs-Élysées, l’Étoile, se garnissaient de cohues hurlantes qui réclamaient la démission du Cabinet, la dis-