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bes. Les bombes s’arrêtèrent comme les obus, comme s’étaient arrêtés les hommes. Elles voltigèrent quelques secondes au-dessus de la maison, tels des ballons dans le vent, puis se posèrent, très gentiment, sur le gazon.

Nul ne songeait à bouger, à fuir, tant la stupéfaction était immense. On n’avait même plus peur. Le général, rouge de colère, vint sur place. Il marcha sur la maison et, à son tour, pivota sur lui-même, recula, manqua de tomber, s’accrocha à l’épaule d’un homme, abasourdi, mâchonnant entre ses dents :

— C’est idiot… C’est idiot !…

Et le dénouement se précipita. Subitement la lumière disparut et les hommes, hagards, haletants, se courbèrent dans l’ombre épaisse. Cela dura quelques secondes, une éternité d’épouvante. Et la lumière reparut. Et ce fut un formidable murmure de terreur grelottante. Et des hommes se laissèrent choir sur les genoux, les bras levés, implorant le secours du ciel. Car ce qu’ils voyaient ou plutôt ce qu’ils ne voyaient plus, ce qu’ils ne voyaient pas, leur recréait des âmes de petits enfants apeurés et tremblants.

La maison, l’hallucinante maison d’Ugolin contre laquelle obus, bombes, attaques, fer, plomb et feu s’acharnaient impuissants n’était plus là.

À sa place, le vide.

Le Génie malfaisant, le Sorcier, le Savant diabolique, d’un coup de sa baguette infernale, venait de l’escamoter.