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les autorités responsables accompliraient tout leur devoir et qu’elles étaient résolues à en finir.

Et l’on expédia dans le bois de Meudon un bataillon d’agents en bourgeois armés jusqu’aux dents.

La journée fondit paisiblement, sans grande animation. Je parcourus les boulevards, me rendis à la Bourse pour tâter le pouls de la capitale. Nulle fièvre. Visiblement, le scepticisme régnait entretenu, d’ailleurs, par les feuilles du soir qui prodiguaient les encouragements, les appels au calme et se parfumaient d’interviews arrachés à tous les membres des Académies scientifiques et à toutes les gloires de la Sorbonne.

La nuit fut aussi tranquille que la journée.

Mais à l’aube…

Ah ! Quand je songe, après tant et tant d’années accumulées sur mon crâne, aux flocons de noire épouvante et d’ahurissement qui enveloppèrent Paris, je ne puis m’empêcher de rire. Dressé sur mon rocher, pendant que les flots déchaînés hurlent, dans le soir, comme une meute, sous un ciel d’encre, je crache mon rire sonnant comme une fanfare, un rire aigu et saccadé et douloureux aussi, qui me disloque des pieds à la tête et poignarde le tumulte…

La nouvelle s’était répandue avec une rapidité qui tenait du prodige.

Tout Paris, le Paris minable des faubourgs, le Paris aristocratique et cossu, descendait vers la Seine. Les foules, en longs sillons, envahissaient les rues, dans un affolement meurtrier. On se bousculait, on se battait, on se passait sur le corps. Puis les trains de banlieue déversèrent de nouvelles fourmilières. Bientôt des co-