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vernement qui prenait les devants. À la première page du journal, je lisais, en grosses capitales, ce titre insensé : La farce d’Ugolin. Au-dessous : Les fantaisies criminelles d’un dément. Ce qu’en dit le docteur Boret. J’absorbai le papier d’un trait, goulûment :


Nous a-t-on assez fait peur, disait l’auteur de l’article, avec le monstre Ugolin, le mangeur d’hommes, l’ogre, le savant tout-puissant qui devait dominer le monde. Il n’était question, chaque jour, que des exploits nouveaux d’Ugolin. Ugolin, Ugolin. On ne parlait que de ça. Mais, maintenant, les vacances sont terminées. Ugolin va rejoindre le Serpent de Mer.

Cependant tout n’est pas bourrage de crâne dans l’histoire ugolinesque. Le type existe parfaitement et ses crimes sont indéniables. Mais les renseignements que nous possédons aujourd’hui nous permettent de le ramener à sa véritable mesure.

Ugolin n’est autre chose qu’un vieux professeur raté, de quatre-vingts années, que ses déboires et ses insuccès ont rendu fou. Le misérable a poursuivi toute son existence la même chimère : conquérir l’immortalité. Il y a près d’un demi-siècle, il exposait déjà ses théories sur le rajeunissement, devant un aréopage de savants qui l’éconduisirent. Depuis, il n’a pas désarmé. Et, la folie se développant, il en est arrivé à vouloir réaliser cette monstrueuse conception : appliquer la méthode Voronoff en utilisant l’homme ; emprunter la vie à de jeunes corps pour la transmettre à de vieux débris comme lui.

Cette théorie pseudo-scientifique a-t-elle quelque valeur ? Le docteur Voronoff, lui-même, le nie. La greffe des