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êtes, nous sommes, tous, les représentants de l’intelligence. Toute la science moderne se résume en nous. Songez donc que nous n’aurons plus à transmettre le flambeau qui demeurera inébranlablement entre nos mains. Nous n’aurons plus à passer par le stade des balbutiements, des tâtonnements de l’enfance. Dans notre mémoire, intacte, viendront s’accumuler les acquisitions, les certitudes… Nous serons d’année en année, de siècle en siècle, de plus en plus bourrés de science et de vérité… Et alors, je vous demande, à quoi ne pouvons-nous prétendre, nous les hommes nouveaux, les seuls vraiment vivants, éclos sur le fumier de la stupidité humaine…

Il se tait une seconde, pendant qu’un frémissement roule dans l’assistance. Et sa voix s’élève, claironnante :

— Nous serons les maîtres, les maîtres. Vous savez comment j’ai réglé la future hiérarchie. Au faite, les Trois : Moi et mes deux collaborateurs du début, mes deux associés et complices : Potrel et Schutzzler. Puis le Conseil des Douze tel que je l’ai désigné. Enfin le Grand Cercle où pénétreront par degrés ceux que nous jugerons dignes. Voilà le gouvernement de demain. L’Esprit sera roi. Jusqu’ici les masses se courbaient sous l’autorité des hommes de Dieu, des hommes de guerre, des hommes d’argent ; elles pliaient devant les représentants du Droit divin, du Droit de naissance, du Suffrage universel. Absurdités ! Le Savant va tout culbuter et s’ériger dominateur pour le plus grand profit de l’Humanité. Et non seulement il nettoiera la terre, mais encore il lui faudra balayer le ciel, un ciel tout peuplé de lémures vomis par l’imagination et la