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spectacle de féerie. Mais, aujourd’hui, d’autres soucis m’assiègent. Aujourd’hui, je file droit vers le palais d’Ugolin.

Ce palais, où les plus vastes intelligences de la création culminent et régissent l’univers terrestre, est bâti, exactement, à la place où s’élevait, il y a presque un siècle et demi, un monument assez curieux, voué depuis à la démolition. On l’appelait l’Arc de Triomphe. C’était assez banal du point de vue purement esthétique, ignoblement massif et surchargé. Mais, allégoriquement, il enfermait toute la laideur. Cela voulait symboliser la guerre, ses victoires et ses sacrifices. Les hommes du vingtième siècle, plongés dans une barbarie inimaginable, s’évertuaient périodiquement, pour des raisons qu’ils ne concevaient pas très bien, à s’entre-massacrer. Le feu, le fer, le poison, tous les engins de destruction étaient utilisés pour le carnage et la science — la science libératrice et créatrice ! — s’employait à perfectionner encore les instruments de mort. Des peuples entiers étaient ravagés, décimés, écrasés par les guerres. Après quoi, la stupidité humaine engendrait des monuments hideux destinés à perpétuer le souvenir sanglant de ces inexprimables atrocités.

Grâce à Ugolin, le super-rayon a pu anéantir à jamais ce témoignage écœurant de la sauvagerie ancestrale.

Le palais de « la Trinité Scientifique », tout rose sous le ciel limpide, avec ses frêles murailles de métal, ses escaliers mouvants, ses balcons de verdure, ses passerelles, sa large coupole qui nous apparaît comme le cerveau du monde, donne l’impression d’un énorme bijou serti dans l’ombre des jardins et des pelouses qui