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En prononçant ces derniers mots, Ugolin s’est levé. Je le vois, maintenant, qui marche de long en large, dans la salle, la taille haute, la tête droite, avec je ne sais quelle séduction qui ruisselle de tout son être. Malgré moi, je subis le charme. Je me sens, tour à tour, attiré, puis repoussé. Quel irrésistible dynamisme s’accumule dans ce corps de vieillard ?

— Où commence le crime, reprend-il, d’une voix hoquetante ? Avec l’homme ou avec le singe ? Et qu’est-ce que l’homme par rapport au singe ? Ah ! Ah !… Ne roulez donc pas ces yeux effarés. L’homme n’est qu’un singe, monsieur, mais non pas un singe évolué comme vous le fait concevoir votre orgueil insensé. Plutôt, un singe dégénéré… Oui, c’est ainsi. Les uns et les autres ont un ancêtre commun, très probablement ces lémuriens dont on retrouve encore des échantillons, à Madagascar, et qu’on a identifiés dans l’éocène. En ces temps lointains, les primates étaient végétariens. L’ancêtre de l’homme a adopté, peu à peu, le régime carnivore, ce qui lui a valu ces qualités de férocité qui l’ont toujours distingué. Mais ceci n’est rien. Ce qui a fait l’homme, mon pauvre monsieur, c’est le spirochète. Ça vous étonne ? Écoutez-moi bien. Les premiers descendants des lémuriens qui cueillirent la syphilis et disparurent individuellement, après avoir fait souche d’êtres lamentables, physiquement diminués, provoquèrent ce résultat inouï : l’hypertrophie du cerveau. Cette hypertrophie est proprement la source de notre fameuse intelligence. C’est parce que le tréponème est entré dans le jeu que l’évolution cérébrale s’est poursuivie. En réalité, par rap-