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— Tout dans notre organisme, n’est que réactions et combinaisons chimiques. Il nous faudra, dans l’avenir, étudier les corps et leurs associations, mêler étroitement la biologie à la chimie. Tout n’est également que lutte atroce pour l’existence. Qui pourra décrire ces massacres insensés dont notre corps est le théâtre. Qui chantera cette nouvelle Iliade ? Car, microbes, phagocytes, cellules nobles ont leur Achille, leur Ajax, leur Hector. Le bactériophage dévore les microbes intestinaux. Les phagocytes se jettent sur les bacilles, faisant ainsi le jeu des cellules cérébrales et nerveuses sur lesquelles ils se précipitent dès qu’ils se sentent en force et en nombre. Et que sont ces infiniment petits, eux-mêmes ? Des systèmes planétaires, mon cher monsieur ? Chaque atome constitutif de notre organisme est un monde autour duquel tournent vertigineusement d’autres mondes que le microscope a situé sous le nom d’électrons et d’ions. Ah ! Ah ! Voyez-vous ce corps humain, vaste comme l’infini, réceptacle de trilliards et de trilliards de mondes avec leurs lois mathématiques, leur processus, leur vie propre ! Et, maintenant, regardez en haut. Qu’est l’homme ? Un être insignifiant. Sur un point imperceptible qui n’est par rapport à l’atome soleil qu’un simple électron. Et l’atome soleil, les atomes étoiles, tous les systèmes dont nous recherchons les lois ne sont que des cellules vivantes entrant dans la composition d’un organisme dont les dimensions nous échappent. Et cela, toujours, toujours, à l’infini, dans le petit et dans le grand. Le grand Tout n’est qu’un grand Trou. Hein ? Que dites-vous de ce spectacle, monsieur le journaliste ?