Page:Méric - Le Crime des Vieux, 1927.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

corps est un champ de bataille où la vie, constamment, s’élabore dans la mort. C’est la guerre. La guerre en moi, en dehors de moi. La guerre toujours et partout. Tout ce qui vit, se meut, se transforme, se disperse, n’agit que pour la guerre. Les parcelles vivantes que vomit l’Inconscient n’ont d’autre logique que de se détruire et de s’absorber.

Un voile de plomb pèse sur mes paupières alourdies. Dormir. Dormir. Des êtres monstrueux, ornés de tentacules géants, en forme de têtards immenses, m’emportent sur des ailes gélatineuses.

Béatitude de l’ataraxie ! Avant d’abdiquer, j’ai cru sentir Dieu, ce ver au cœur pourri du Monde ! Dieu, c’est la cellule initiale, infinie et indestructible qui se multiplie, s’éparpille, se gonfle, se substante de ses propres déjections.

L’Univers n’est que le produit d’un incessant et macabre onanisme.

Évacuation. Ingurgitation.

Bouche contre bouche, le monstre amphisbène !