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toujours de conserver l’indispensable équilibre, si l’on veut éviter les maux du corps, la dégénérescence, la sénescence, l’épuisement des facultés. L’équilibre dans la tradition, tout est là.



Je me suis retrouvé sur ma couche dans un état voisin de l’abrutissement. Ces histoires de cellules nobles ou basses, ces assimilations inouïes entre le corps social où je plonge et le corps humain que je suis, ces précisions sur le rôle des êtres minuscules qui forment notre être et surtout la placidité sereine avec laquelle mes professeurs m’ont jeté tant d’énormités inconcevables à la tête, tout cela m’a fait l’effet d’un coup de bâton sur la nuque. À peine si je me sens la force d’aligner, deux à deux quelques pauvres raisons.

Suis-je tombé sur des déments d’un genre à part — de ceux que les psychiatres considèrent comme atteints du délire constructif ? Suis-je en présence d’esprits supérieurs, d’une extraordinaire clairvoyance, dépassant et dominant leur époque ? Je saurai peut-être, dans quelques jours, quelles conclusions il me faut adopter. Pour l’instant je me roule dans un tourbillon de cellules et de micelles. Je nage dans des flots d’infiniment petits. Et je rêve douloureusement. C’est donc ainsi la Vie, l’Être ? Que fait Dieu dans tout ceci ? Où se situe le Principe ? Étendu sur ma couchette, je clos les yeux pour mieux voir. Des bataillons innombrables de cellules sont au labeur et au combat. Mon