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Il y a ceux qui besognent. Chacun à sa place et rien ne vient entraver le bon fonctionnement social. Mais qu’un groupe prenne le dessus sur les autres et c’est alors la rupture, le parasitisme, le triomphe des plus forts ou des plus habiles aux dépens de l’intérêt général. Cela ne va pas sans provoquer des réactions que les hommes — admirez ce contre sens — appellent des révolutions. De toutes façons, c’est la Société bouleversée, en proie à l’anarchie, condamnée. Je ne vous apprends rien là-dessus, monsieur le journaliste. Mais prenez notre organisme. Il se développe sous l’action de deux espèces de cellules : les cellules nobles qui sont celles du système nerveux et de nos glandes, les cellules basses qui sont, je crois vous l’avoir dit, les phagocytes et les cellules conjonctives. Tant que le prolétariat cellulaire est soumis à la direction de l’aristocratie, tout va bien. Mais que les maîtres faiblissent, que les esclaves se révoltent et exercent leur domination et c’est la débilité, la maladie, la mort.

Il souffle bruyamment. Dans un chuchotement, Ciron, l’échalas, indique :

— Il faut tenir compte des invasions d’éléments étrangers.

— Eh oui ! riposte Ugolin, avec un énervement visible. Mais tout se tient. Ce sont les microbes variés et leurs toxines qui affaiblissent le plus la direction assumée par les cellules nobles. Metchnikof, auquel il faut toujours revenir, l’a parfaitement observé et, après lui, j’ai poursuivi mes recherches dans ce sens. Le plomb, l’alcool, le mercure, toutes les intoxications concourent à cet affaiblissement, déterminent