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Le maigre et fuligineux secrétaire qu’Ugolin désigne sous le nom de professeur Ciron, donne, depuis quelques minutes, des signes d’impatience. Il est agaçant, cet animal ; il distrait mon attention. À la fin il tend un doigt osseux :

— La cellule meurt, formule-t-il d’une voix caverneuse.

Ugolin bondit :

— Elle meurt, dites-vous. Soit. Mais par accident. Normalement, la cellule ne doit pas mourir.

— Quand les micelles cessent d’être suspendues et qu’elles sont précipitées, elles aboutissent à une maturation qui entraîne fatalement la dégénérescence des cellules. Il faut que ces dernières expulsent leurs micelles ou qu’elles succombent.

Ugolin s’agite furieusement sur son fauteuil.

— C’est là, en effet, le point essentiel. La cellule expulse de son sein les éléments devenus nuisibles, moyennant quoi, elle échappe à toute sénescence. Elle retrouve force, vigueur et vie. Or, qu’est-ce que le corps humain ? Une cellule parmi des trilliards et des trilliards d’autres dans un organisme plus vaste. Que cette cellule puisse, elle aussi, se débarrasser des éléments qui contrarient sa libre harmonie et rien ne peut l’abattre, rien que l’accident.

Il se tourne de nouveau vers moi :

— Je dois vous enseigner, pour être clair, que l’organisme humain est en tout semblable à l’organisme social. Il y a, dans les sociétés, les individus qui dirigent et occupent les hautes fonctions — ceux de l’élite savante et intellectuelle (en théorie tout au moins).