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de ce qu’on appelle le monde des savants. Mes vues, trop nouvelles, dérangeaient du reste trop de combinaisons. Et alors on a ri, monsieur, on a haussé les épaules, on m’a traité de visionnaire, on m’a menacé de la douche. Ah ! les sombres, les vertigineux, les incommensurables crétins ! Et quelle revanche terrible je vais m’octroyer sur leur canaillerie indigente.

Un coup sec de son coupe-papier sur le rebord de la table. Et Ugolin se soulève à demi.

— On meurt, poursuit-il. Pourquoi meurt-on ? Parce qu’on ignore la véritable composition de l’être et son fonctionnement. Qu’est-ce que l’animal humain ? Un ensemble prodigieux de cellules. Des cellules qui bataillent entre elles, vivent les unes des autres, s’entre-dévorent. La santé et le bon fonctionnement de notre corps dépendent étroitement de ces combats obscurs et répétés. Que telle espèce de cellules l’emporte sur d’autres et c’est ici un organe atrophié, là une tumeur, ailleurs une intoxication… Tenez, vous n’êtes pas sans avoir entendu parler des phagocytes qui sont les éléments indispensables du sang. Il y a deux catégories de phagocytes : les petits ou microphages, les grands ou macrophages. Les uns absorbent tout microbe rencontré dans l’organisme. Les autres se cantonnent dans les résorptions et cicatrisations ; ils nous évitent les troubles traumatiques. Comprenez-vous cela ? Eh bien ! il arrive qu’à un certain moment de l’existence les macrophages dévorent, non seulement les microbes, mais encore les cellules indispensables à notre corps. On peut en fournir un exemple frappant avec le phénomène de blanchisse-