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— Où suis-je ?

Je viens de me lever avec difficulté, en m’aidant de mes mains. Je me sens faible. Que m’est-il arrivé ? D’un coup d’œil, j’examine la pièce où je me trouve, une petite chambre rectangulaire, aux murs ripolinés, une cellule de moine ou de prisonnier. Au plafond, une lampe électrique jette sa lueur — une larme de lumière. Je m’aperçois que, tout habillé, je suis allongé sur une espèce de lit de camp étroit, mais, plutôt moelleux et bienveillant. Ah ça ! est-ce que je rêve ? Je répète à haute voix :

— Où suis-je ?

Pas de réponse naturellement. La chambre cellule est vide. Aucun meuble, d’ailleurs, à l’exception d’une petite table flanquée de deux chaises, et, dans le fond, un vague ustensile, quelque chose comme un seau hygiénique. Ça manque de confort. Je me frotte les yeux. J’ai dû dormir longtemps, longtemps. Mais comment diable suis-je venu dans ce lieu ? Il me revient vaguement qu’étant plus jeune, au matin d’une saoulerie prolongée, je me réveillai comme aujourd’hui dans une cellule mais moins propre… Me serai-je fait ramasser au cours d’une bombe ? Je pose mes pieds sur le parquet. Aïe ! C’est extraordinaire comme je suis moulu, rompu, fourbu. Ça n’arrive qu’à moi ces blagues-là.

Mais, tout à coup, une alerte dans mon cerveau.