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ment. À la fin, le balayeur municipal lui mit la main sur l’épaule :

— Eh bien ! M’sieur le curé, d’où venez-vous comme ça ?

Le prêtre dodelina du chef, sourit encore, balbutia :

— Sais pas !

— Vous n’êtes pas malade, au moins ?

— Sais pas !

— Mais vous devez avoir faim ? dit la vieille femme.

— Sais pas !



C’est tout ce qu’on put en tirer. On le conduisit et il suivit gentiment, sans la moindre révolte, à la mairie. On l’interrogea. Il ne cessait de rouler ses prunelles de droite à gauche, avec son sourire stéréotypé sur les lèvres, son regard qui paraissait ne rien voir. Il répondait inlassablement :

— Sais pas.

Un médecin l’ausculta, enregistra les pulsations de son pouls, lui fit tirer la langue et, pour finir, conclut à de l’amnésie cérébrale provoquée probablement par un grand choc moral. Un autre docteur le fit déshabiller, l’examina des pieds à la tête, plaça son oreille contre le cœur du patient. Puis, il décréta péremptoirement que le malheureux faisait de la paralysie générale. Fort heureusement une dame âgée, qui déclara être la mère du pauvre diable, survint, emmena son