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— Hein ! vous dites ! Ah ça ! par exemple !… Comment ?… Il arrivait de la caserne… oui, je vous entends… la famille croit à un enlèvement… Bon. Compris.

Il me fixa avec des yeux arrondis.

— Mon cher Doucet, je pense, en effet, que vous tenez le bon bout. Voilà qu’un autre jeune homme vient de se trotter, un soldat, cette fois, un permissionnaire. Les parents assurent qu’il y a là un coup du fameux type, votre savant, votre être imaginaire ou réel, je ne sais plus, moi. Ça fait en tout cas deux laïques. Enfoncés, les curés. Vous pouvez y aller. Mon cher… arrangez-moi ça aux petits oignons.

Il se frottait les mains, joyeux. Quant à moi, je sentais une bouffée de chaleur me monter au cerveau. Je filai dans la salle de rédaction et fouillai dans ma correspondance qui, durant mon absence, s’était accumulée. Rien de bien saillant. Des lecteurs qui protestaient. Des conseils toujours. Des réclamations. Mais, soudain, je poussai un cri de stupéfaction.

J’avais cru reconnaître l’écriture. Je déchirai l’enveloppe, hâtivement. J’exhibai une feuille de papier, pliée en quatre sur laquelle ces simples lignes :


Vous avez publié ma lettre et vous avez eu tort. Prenez garde !

LE SAVANT INCONNU.


Un petit tremblement naquit le long de mon échine, monta jusqu’aux épaules. Puis la colère surgit. Plaisantin ou non, savant, criminel, farceur ou ad-