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Le Président de la République appela alors un homme à poigne. C’était un antique politicien, roublard et tenace, célèbre par son opposition systématique à tous les ministères quels qu’ils fussent. On le craignait pour son cynisme et la férocité de son esprit fertile en bobards. Immédiatement, il déclara qu’il entendait rétablir l’ordre, fit fonctionner la censure, jeta la police contre des groupes de manifestants, emplit les prisons. Ces mesures ne produisirent pas l’effet attendu. L’effervescence allait grandissant.

Cela se passait à peu près vers le Quatorze Juillet.

Quatorze Juillet ! Nos historiens n’ignorent point l’importance de cette date et vous diront que les Français du vingtième siècle célébraient, chaque été, l’anniversaire de la prise de la Bastille, une vieille forteresse royale dont la chute donna le signal de la Révolution. Les Français se déclaraient très fiers de leur Révolution, laquelle, à les entendre, leur avait apporté, dans ses rouges paumes, la liberté, l’égalité, la fraternité. C’est pourquoi, tous les ans, durant trois jours et trois nuits, ils se ruaient sur les places publiques, s’agglutinaient dans les puants carrefours, envahissaient les cafés et brasseries, dansaient, hurlaient, trépidaient et, surtout, oh ! surtout ! ingurgitaient les produits les plus effarants qui ruisselaient sur le zinc des comptoirs et le marbre poisseux des tables sans équilibre. Peu d’entre eux s’expliquaient exactement de quoi il s’agissait. On leur fournissait l’occasion de boire, de vociférer et de jouer de la croupe. Ils allumaient des lampions, organisaient des