des tragiques événements de Draveil-Vigneux. Gendarmes et soldats tiraient sur une foule paisible de manifestants. Il y avait eu bataille : des morts, des blessés. Clemenceau, président du Conseil, l’avait voulu ainsi… Lui qui écrivit, jadis, des pages inoubliables de La Mêlée Sociale sur les grèves et l’emploi de la force armée.
Encore libre, à ce moment, je publiais, dans La Guerre Sociale, un court article où je désignais simplement des otages pris parmi les responsables, c’est-à-dire les membres du Gouvernement. La réplique ne se fit pas attendre : excitation au meurtre et à la guerre civile, apologie de faits qualifiés crimes ! Et allez donc ! En même temps, on fabriquait un complot (rien de nouveau, comme on voit, sous le soleil gouvernemental) et l’on jetait dans les cachots de Corbeil les dirigeants de la C. G. T. : Griffuelhes, Pouget, Yvetot…
Marchal, le gérant du journal, et moi choisîmes comme défenseur Jacques Bonzon.
Bonzon avait accepté avec enthousiasme la tâche de défenseur. Et, immédiatement, il se mit à organiser le procès qui, dans sa pensée, comme dans la nôtre, devait être celui du gouvernement et du régime. Une soixantaine de témoins étaient convoqués. On annonçait un procès monstre, sensationnel.
Malheureusement, l’homme propose et les événements disposent. On me fit dire du dehors qu’il y avait intérêt à ce que mon procès ne vînt qu’après celui des prisonniers de Corbeil. Ma condamnation, en effet, risquait de créer un précèdent et d’entraîner celle des militants ouvriers. La C. G. T. et le Parti