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— Ça ne se passera pas ainsi, tonnait Gaucher.

— Messieurs, je ne puis continuer à vous écouter.

À la fin, on put tout de même s’expliquer. Le directeur, je l’ai dit, était un brave homme. Il promit formellement d’agir.

Quelques jours après, Delannoy était mis en liberté. Il nous quitta en pleurant. Je devais le revoir, à ma sortie ; mais hélas ! en quel état ! Il était marqué par la mort. Il succomba, d’ailleurs, quelques mois plus tard. Je puis bien affirmer aujourd’hui que, libre et traité avec soin, il aurait sans doute vécu et que c’est la prison qui l’a tué. La prison modèle, dressée en plein Paris, où l’on ne sait plus ce que c’est qu’un malade, où il ne faut pas être malade ! — peut-être parce qu’on l’a baptisée : la Santé.

J’ai fait allusion à une deuxième poursuite, à propos d’une biographie de Descaves. Cela me valut six semaines de prison supplémentaires. Les juges s’étaient montrés très gentils. Après une plaidoirie admirable de M. Wilm et les circonstances atténuantes accordées par le jury, ils m’avaient appliqué le maximum du minimum, c’est-à-dire la peine la plus forte que leur permettait la loi.

Mais il y avait d’autres poursuites. Nous étions, comme cela, quelques-uns qui, entrés pour un an, accumulions poursuites et condamnations. Quand on prend de la prison, on n’en saurait trop prendre. Pour moi, le venais, outre mes six semaines, de récolter, en compagnie du bon Marchal, cinq petites années — par défaut, il est vrai.

Voici en quelles circonstances. Peut-être se souvient-on