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comment on me jeta dans un réduit sale et puant de la Souricière, pendant plusieurs heures. J’attendais là le bon plaisir du magistrat. Puis un garde républicain vint m’empoigner et se mit en demeure de me glisser les menottes. Je résistai, tempêtai, hurlai. Cela fit un beau chahut. Et, pendant que je me traînais dans le long couloir de la Souricière, accroché au garde, — un grand gaillard vigoureux et stupide, qui me déclarait : « Quand même que vous seriez le Président de la République !… », des cellules voisines, ces messieurs les apaches et souteneurs au comble de la joie, encourageaient de leurs cris la force publique.

De retour à la Santé, je contai la chose à mes codétenus. Cette fois, on résolut de « rouspéter », et ferme. Les jours suivants, il y eut quelque tapage dans les journaux de droite et de gauche. On s’indigna. Et la campagne prit une telle allure que le gouvernement finit par céder.

Il fut entendu qu’à l’avenir nous serions accompagnés par des agents en bourgeois, discrètement ; que les menottes ou le cabriolet seraient supprimés et qu’enfin, nous aurions même le droit de réclamer à nos frais, un taxi.

Cette affaire réglée et cette nouvelle conquête assurée, il y eut, quelques mois plus tard, un autre incident, mais beaucoup plus grave, celui-là. Le dessinateur Aristide Delannoy, condamné à un an de prison en même temps que moi, avait tout d’abord obtenu un sursis pour raisons de santé. Le pauvre grand artiste était atteint d’une cruelle maladie qui,