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Compiègne. La tsarine était de la partie, et, à cette occasion, on réclama à Edmond Rostand un de ces poèmes badins dont il avait le secret. L’auteur de Cyrano se surpassa. Il fut plus mirlitonesque que nature. On se souvient encore de ce couplet :


Les acajoux impériaux
Se répètent avec délice :
« Nous avons une Impératrice ! »
Un ancien tapis d’Aubusson,
Sur un air de vieille chanson,
Fredonne : « Rien qu’à la façon
»Dont je sens sur moi qu’elle glisse,
»Oh ! oh ! c’est une Impératrice ! »


Ce « Oh ! oh ! c’est une impératrice ! » fit la joie des hommes de ma génération. Je me souviens l’avoir parodié, à propos de je ne sais plus quelle Egérie à la mode :

Oh ! oh ! c’est une Inspiratrice !

Les cabarets montmartrois (ça existait alors) s’en emparèrent, ainsi que les revues de café-concert. Mais un autre poète veillait, qui s’arma de la plume féroce du pamphlétaire. Et ce fut la page fulgurante intitulée : « Le Triomphe de la Domesticité. »

Ah ! cette page qui parut dans le Libertaire du 15 septembre 1901, quel émoi et quel enthousiasme elle souleva !

Tailhade, brutalement, et avec somptuosité, disait son fait au tyran moscovite que les républicains français ne craignaient point d’acclamer ! Et nous allions, nous, répétant ces périodes enflammées. Tenez, aujourd’hui encore, elles chantent dans ma mémoire.