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Mes démêlés avec
Laurent Tailhade


Mes souvenirs sur le grand poète « aristophanesque », dont on redouta, si longtemps, l’humeur belliqueuse et la plume mordante, datent d’assez loin. Cela, certes, ne nous rajeunit guère. Cela remonte aux environs de l’année 1900, à la clôture de l’affaire Dreyfus, qui passa comme un orage sur la France électrisée et creva, on peut bien le dire, en eau de boudin.

Laurent Tailhade était alors l’idole d’un groupe de jeunes gens férus de littérature et d’anarchisme. En grimpant les rues tortueuses qui menaient au « Sacré-Cœur » et au cabaret du « Zut », ou en promenant son ennui dans les allées du Luxembourg, sous la tignasse verte des arbres, on se récitait ses ballades :

Anarchie ! ô porteuse de flambeaux !

Ou encore, la chute de la « Ballade Solness » :

La claire Tour qui sur les flots domine !

Tailhade, par son âpre ironie, par la fureur de ses