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mais on le tenait jalousement au droit commun. C’était un terrible malfaiteur du nom d’André Gaucher. Il avait, paraît-il, injurié gravement des magistrats, à la Cour d’Assises. Aussi l’Action Française le dressait sur le piédestal du héros, inscrit à son tableau d’honneur dit de l’article 445…

Depuis, André Gaucher a été couvert de crachats et d’injures par les mêmes qui se prosternaient à ses pieds. Il n’est pas le seul dans ce cas.

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Nous étions donc cinq, en tout. C’était suffisant pour une partie de manille, à deux sous la dizaine, avec des cartes crasseuses. D’autant que le cinquième, Gustave Hervé, ne savait jouer à aucun jeu et se promenait, durant des heures, dans le couloir qui longeait nos cellules, en ruminant son prochain blasphème ! Mais, bientôt, Hervé, le « général » comme nous l’appelions, nous quittait. Il avait fini son temps.

Ce ne fut pas sans peine qu’il nous abandonna à notre triste sort. Ses mois de prison étaient terminés, mais l’on s’avisa qu’il avait aussi récolté quelques milliers de francs d’amende et l’on prétendit le faire payer.

Naturellement, Hervé s’y refusa, et pour cause. Alors on décida de lui appliquer la contrainte par corps et l’on défendit de lui ouvrir les portes de la liberté.

Par bonheur, il y avait encore une opinion en ce temps-là — c’était tout de même le bon temps ! —