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Camille Pelletan, poète.


Jai assez connu Pelletan. Mon père, qui présidait la Commission de la Marine au Sénat, était, rue Royale, un de ses plus assidus collaborateurs. Je ne crois pas que, de longtemps, on puisse rencontrer un pareil ministre de la Marine, doué d’une aussi formidable faculté d’assimilation et de travail. Avec ça, une indépendance qui lui valut des haines tenaces. Mais je n’entreprends pas une biographie. Il y aurait des pages à écrire sur ce grand honnête homme, qui, jusqu’à la fin de son existence, demeura fidèle à ses convictions.

Je veux simplement vous parler de Pelletan, poète. C’est une drôle d’histoire.

Un matin, je découvris, dans l’Éclair, sous la signature de Jean-Bernard, un poème attribué à Camille Pelletan. Ce poème, je le connaissais bien, et pour cause. C’était moi qui l’avais publié, quelques années avant la guerre.

Là-dessus, je rencontrai mon ami, Émile Buré, et je lui confiai la chose. « C’est moi, lui dis-je, qui ai joué ce tour à Pelletan de lui attribuer un poème qui est évidemment de quelqu’un, mais de qui ?… Voilà le hic. »

Buré se tordit. Il m’engagea à envoyer une lettre de rectification à l’Éclair. Mais, quelques jours après, la Dépêche de Toulouse mettait les choses à peu près