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occasion, de façon parfois assez basse, recherchant ses origines, fouillant dans sa vie privée. Le pauvre Rictus n’avait pas les moyens de riposter. Alors il se rattrapait comme il pouvait. Certains soirs, on le voyait, à une table de brasserie, s’escrimant de la plume ou du crayon. Quand on s’approchait, on constatait que Rictus dessinait. Eh ! oui, il dessinait des choses plutôt obscènes et, au-dessous, il écrivait : Laurent Tailhade. Vengeance puérile.

Et Jean Lorrain ? Et Loti ? Et Bourget ? Qu’est-ce qu’ils prirent ! Zola, lui-même, ne fut pas épargné. Dans les premières éditions de Au Pays du Mufle on lisait ces vers :

Zola, Maupassant et Loti
Se trouvent dans toutes les gares.

Après l’affaire Dreyfus, Tailhade biffa le nom de Zola et le remplaça par celui de Bourget.

Je ne devais revoir Tailhade qu’après la guerre. Il collaborait à la Vérité et au Journal du Peuple. Il était résolument pacifiste lui qui, par une de ces impulsions irrésistibles auxquelles il obéissait, avait voulu s’engager au début des hostilités.

Puis la maladie le terrassa. Un jour — c’était au début de 1919, après la paix — je poussai jusqu’à la maison Dubois où le poète était hospitalisé, en compagnie d’Eugène Merle. Nous étions occupés, à ce moment, au lancement du Merle Blanc, dont j’étais