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D’abord, trois cent quatre-vingt-douze révocations d’employés. Puis, onze ans, dix mois et huit jours de prison aux syndicalistes.

Enfin, l’homme qui écrivait dans L’Aurore (1er janvier 1906) : Contre l’antipatriotisme, ce n’est pas des condamnations qu’il s’agit de produire, ce sont des arguments…, distribuait, en 1907, treize ans et six mois de prison aux antimilitaristes et, en 1908 — tenez-vous bien — soixante-quatorze ans, huit mois et dix-sept jours.

Le bilan est joli. Et encore, à l’époque où il publia sa brochure, Morizet commit-il des oublis. C’est ainsi, pour prendre un exemple, qu’il ne mentionna point les cinq ans de prison (amnistiés par la suite) que je récoltai à la suite des affaires de Draveil-Villeneuve.

Mais, tel qu’il était établi, le total : quinze ouvriers tués, quatre cent soixante-sept mutilés, cent quatre-vingt-quatorze années de prison, trois cent quatre-vingt-douze révocations (bilan provisoire), avait de quoi réjouir. Cela permettait à Marcel Sembat d’écrire, en guise de préface :

Clemenceau, ton heure est venue ! Monte, mon vieux, monte à la gloire ! Grimpe tout en haut de ce pouvoir que si longtemps tu as guigné d’en bas ! En haut comme en bas, fais les grimaces de malin singe, de singe espiègle et bouleverseur qui aime à casser et détruire. Nargue les autres et toi-même ! Capable de tout, sauf d’œuvre utile ! Te voilà sauveur de la société ! Te voilà — l’eusses-tu cru ? sous Cornélius ! — Te voilà sauveur de la Patrie !

… Il faut, pour juger Clemenceau, qu’il ait rempli