Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une élection sous
Clemenceau


Cela se passait un peu après l’affaire Dreyfus. Georges Clemenceau n’était pas encore le Perd-la-Victoire. Il n’était même pas député. Quelques années avant, la tourmente de Panama l’avait à peu près englouti. Les électeurs du département du Var, définitivement dégoûtés de cet homme politique qu’on prétendait être l’agent de l’Angleterre et dont la vie éclatante, les dépenses excessives ne correspondaient nullement à ses ressources avouées, venaient de le renvoyer à ses chères études aux cris mille fois répétés de : « Aoh ! yes !… Aoh ! yes ! » Sombres jours ! Tout jeune, encore gamin, les échos de cette bagarre formidable devaient demeurer dans mes oreilles.

Le Var, pour marquer son mépris définitif du politicien taré, lui avait préféré un avocat réactionnaire de Marseille, un nommé Jourdan, homme d’esprit, qui ne fit qu’une courte apparition à la Chambre. Aux élections suivantes, en effet, on lui opposa le journaliste Maurice Allard, qui triompha sans peine et conserva la confiance du département durant de nombreuses années. Il faut dire que Maurice Allard,