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Elle tomba sur nous sans crier gare. Mais, lui, l’annonçait depuis des mois. C’était sa leçon favorite. Il insistait sur les conflits, sur les divisions d’intérêts, sur les dangers qu’offraient les peuples balkaniques. Les lecteurs disaient : « Hervé devient rasoir avec ses histoires de Serbie, de Slovaques ou de Valaques… » Son journal, qui avait connu des tirages fabuleux, tombait lentement. Finis les temps héroïques.

Il ne possédait plus la moindre influence sur les milieux révolutionnaires.

La guerre déclarée, Hervé était prêt. Il écrivit sa fameuse lettre au ministre de la guerre, demandant à être incorporé dans le premier régiment qui partirait pour la frontière. Évidemment, il aurait pu se contenter de se rendre simplement au bureau de recrutement. Mais, pour lui, son geste avait la valeur d’un enseignement. Cela voulait dire : « Mes amis, fini de rire… plus de drapeau dans le fumier ! plus de paradoxes antipatriotiques !… La France est menacée. Tous debout ! »

Pour un peu, il se serait écrié comme Coppée : « On bat Maman ! » Déjà, quelques semaines avant, il avait écrit un article à la gloire de Paul Déroulède. Je le répète : il était mûr pour la guerre. Son attitude fut logique, exempte de calculs. La guerre était versée ; il fallait la boire.

On était loin des affirmations retentissantes : Pas un homme, pas un sou, par un centimètre carré