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nous parler de la conquête de l’Armée et du problème de l’Alsace-Lorraine.

Cela bien avant la guerre. Et c’est encore une légende qui veut que Gustave Hervé ait retourné sa veste, par poltronnerie, au moment de la déclaration de guerre. On le voit, en suivant la marche de son évolution — ou, si vous voulez, de ses évolutions, car le girouettisme possède en Gustave Hervé, directeur de La Victoire, son type le plus éminemment représentatif.

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Que Gustave Hervé, parti du plus péremptoire antipatriotisme, ait abouti à une sorte de nationalisme suraigu ; que cet homme qui affirmait : « La Patrie est une marâtre ! » clame aujourd’hui qu’il « a la Patrie dans le sang, dans la peau, dans les nerfs », voilà qui peut confondre l’imagination et autorise quiconque est étranger à la psychologie de ce pamphlétaire doublé d’un professeur à crier au renégat.

Cependant, quand on examine de près cette étrange carrière, quand on connaît l’homme, on ne voit rien d’extraordinaire à cette évolution.

On l’avait surnommé le « Général », ai-je dit, à cause de la tournure militaire de ses habits. Mais il y avait d’autres raisons. Il y avait que Gustave Hervé possédait l’étoffe d’un « critique militaire », tout comme le lieutenant-colonel Rousset ou le général Cherfils.

Seulement, il était beaucoup plus fort. Il savait