dont vous m’illustrerez. J’estime qu’il ne me serait pas impossible d’obtenir un crayon de James Ensor, chose rare à coup sûr, et qui ne peut manquer d’être fort intéressante. Nous rédigerons ensemble, si vous le voulez bien, le questionnaire auquel je vous répondrai par écrit à tête reposée. Car, vous n’en doutez pas, je mets une certaine coquetterie à me faire juger par vous.
Quant à vos appréciations touchant l’homme public, invectivez, accablez-moi d’injures, si cela vous amuse. Je n’y contredirai point. Un artiste, un poète qui descend à brailler avec la foule et croit bêtement pouvoir ainsi rendre les hommes un peu moins stupides et malfaisants, mérite les pires avanies.
Après ça, le poète, cédant à la mélancolie, m’offrait une sorte de confession douloureuse :
J’ai connu, pendant mon apostolat révolutionnaire, tous les dégoûts imaginables ; j’ai coudoyé toutes sortes de laideurs, de bêtises ; j’ai frayé avec les plus sinistres mufles qui champignonnent au soleil ; j’ai rencontré, dans les milieu soi-disant d’avant-garde, une ânerie, une étroitesse, une ignorance, une crasse et des préjugés qui font goûter l’esprit, le dandisme et la belle humeur des F. F. Quatre-Bras.
Quant à l’anarchie, à la revendication de la justice par des moyens violents, je la crois vaine et malfaisante. Néanmoins, le jour où vous aurez dressé une équipe de gars résolus à quelque geste suprême, ce serait un plaisir pour moi que d’offrir mon vieux sang à une heure de beauté ; de même — et je pense qu’il est inutile de vous dire cette chose — le jour où quelque révolutionnaire