certes pas un reproche). Gustave Téry ne s’est jamais douté de ça. Et le président Fallières, pas davantage.
Le goût que Gustave Hervé manifestait pour les « bonnes choses » faillit lui jouer un mauvais tour. Cela menaça aussi de lui faire un grand tort dans l’opinion, toujours prête à accueillir les pires bobards.
Le général manqua tout simplement trépasser, une nuit, dans sa cellule.
Il avait englouti une douzaine d’huîtres à son repas du soir.
Ah ! ces huîtres ! quels commentaires elles provoquèrent dans la grande presse ! L’indignation coula à flots. On représenta Hervé et ses compagnons comme des sybarites, faisant la noce dans leur prison. On demanda des explications au gouvernement.
L’histoire des huîtres, cependant, se réduisait à fort peu de chose.
Dans l’après-midi, un brave militant, un de ces « bons bougres » dévoués qui avaient mis tout leur espoir dans Hervé, et qu’Hervé traite aujourd’hui comme du poisson pourri, s’était amené avec, dans les mains, un paquet mal ficelé contenant une douzaine de ces fâcheux mollusques. Ce pauvre diable avait acheté ces huîtres à une marchande de quatre-saisons.
Les huîtres étaient en piteux état. Elles avaient dû faire un long séjour dans la voiture de la marchande.