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Il y a maldonne, mon cher confrère ; je vous ai, de la meilleure foi du monde et sans que personne ait pris jamais la peine de me détromper, confondu avec ce « Pipe-au-Bec », dont les élucubrations, en effet, ne me paraissent dignes ni de vous ni de moi. À vous parler franc, cette erreur me cause un plaisir véritable. Je suis tout à fait heureux de vous tendre la main sans qu’il subsiste entre nous autre chose que le souvenir d’escarmouches où nous nous sommes escrimés l’un et l’autre suivant notre humeur combative. Et puisque nous voilà sur un pied de confidence et d’abandon, laissez-moi vous dire qu’il eût été plus confraternel et, je lâche le mot, plus élégant de me tirer vous-même d’une erreur dont, après tout, je n’étais pas coupable. Cela dit donnons-nous mutuellement quittance de nos invectives et passons à un discours moins irritant.

Cette petite leçon, après le premier incident de Je dis tout, n’était pas faite pour me désarmer. D’autant que l’attaque brutale de Tailhade venait de se produire à l’heure même où je songeais (et il en était prévenu) à inscrire sa biographie dans la collection des Hommes du Jour. Je ne répondis pas un mot et j’attendis. Mais laissez-moi vous confier quelques passages, encore, de sa lettre :

Je quitte incessamment la Belgique ; pendant une halte assez brève que je ferais à Paris avant de partir pour les Pyrénées où je vais passer quelques semaines chez ma vieille maman, j’irai moi-même vous porter à la Santé les livres qui vous manquent pour me peindre en pied, m’entendre avec vous au sujet de l’iconographie