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Dans les cellules voisines, se trouvaient Almereyda, Eugène Merle, Aristide Delannoy, le puissant dessinateur de l’Assiette au Beurre et des Hommes du Jour, et tout un lot de royalistes parmi lesquels Maurice Pujo, André Gaucher, Maxime Réal del Sarte, Plateau, etc. Gustave Hervé, ayant fini son temps, nous avait joyeusement faussé compagnie, dès les premiers mois de mon incarcération.

Ces années de prison qui pleuvaient à flots sur les têtes de journalistes et d’hommes politiques finirent par émouvoir nombre de nos confrères. Le dessinateur Iribe, qui dirigeait alors un journal satirique illustré, le Témoin, — un journal fort intéressant et très original, — prit l’initiative d’une vaste protestation et s’adressa au monde intellectuel. De tous côtés, on répondit pour réclamer notre libération.

Laurent Tailhade répondit comme les autres.

Oui, mais… la Pipe-au-Bec avait encore fait des siennes. Tailhade expliquait que, lors de son emprisonnement, je n’avais nullement hésité à l’injurier très gravement. Magnanime, il consentait à me pardonner et demandait ma mise en liberté immédiate.

Du coup, mon sang ne fit qu’un tour, comme on dit. J’écrivis une lettre furieuse au poète et j’avisai son ami et ancien codétenu, Louis Grandidier, de cette nouvelle incartade. Il en résulta, quelques jours après, cette missive que Tailhade m’adressa à la Santé :