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III

On a bien voulu me suivre dans mes démêlés avec le peuple souverain. Je dois consentir à la vérité un aveu, qui ne me coûte guère, à savoir que je n’étais pas très expert à taquiner et à émoustiller le bonhomme Démos. Pourtant, en ces temps héroïques, j’étais superbement placé, du côté du manche… démagogique. Je hurlais avec les loups. Caliban me couvrait de son ombre. Heures d’ivresse promptement dissipées au contact des hommes et de l’infâme réalité…

Ma dernière candidature — en l’an de grâce 1924 qui vit le triomphe du Cartel — avait un caractère nouveau. Cette fois, je ne marchais plus avec mes vieux amis communistes ; je me dressais contre eux. J’avais abandonné le parti de la Révolution russifiée pour les quelques raisons que j’ai rapidement esquissées. Il en existait d’autres. Un de ces jours, je tenterai l’historique du mouvement bolcheviste en France, tel que j’ai pu l’observer, aux premières loges, dans les coulisses, voire directement, sur la scène. Il y aura peut-être des grincements de dents.

Qu’il me suffise, pour aujourd’hui, d’indiquer que la moindre tare du communisme français, c’était alors le système de corruption qui sévissait du haut de l’échelle jusqu’en bas. La Révolution, c’était une affaire. Elle dispensait à l’incapable, à l’inutile, au fainéant de confortables sinécures que doublaient de sordides satisfactions de vanité. Les arrivistes