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— Vous m’abandonnez tous !

Ça, c’était magnifique ! Capital, parbleu ! Je le regardai. C’est qu’il avait l’air sincère !

Je haussai les épaules et, sans un mot d’adieu, je lui refermai la porte sur le nez.

Me voilà loin, dans le sillage capricant de Cachin, des élections de Saint-Gervais. Je n’ai pu résister au désir de vous montrer en passant, un peu de la véritable physionomie de cet homme qui a lâché, tour à tour, tous ses amis, tous ses camarades de tendance, et qui, à travers toutes les tempêtes, a su merveilleusement surnager, tel un bouchon sur les flots. Il est toujours directeur du journal et député. Grand bien lui fasse !

Je reviens à ma réunion. Après les patinades de Cachin, ce fut Torrès qui prit la parole. Ce soir-là, il fut particulièrement éloquent, de cette éloquence puissante, torrentielle, qui emporte tout, brise toutes les résistances. Il adressa aux Juifs nombreux dans la salle une harangue enflammée. Il leur rappela que toujours, les Juifs s’étaient tenus du côté des parias et des révoltés, à l’exception évidemment des Arthur Meyer, des Rothschild, des Reinach et de quelques autres, et il les invita à se ranger une fois encore sous le rouge drapeau des réfractaires. C’était superbe de lyrisme. Je crois bien qu’il leur parla de Spinoza. Mais les pauvres casquetiers de Saint-Gervais ne voyaient pas si loin. Et, d’ailleurs, les neuf dixièmes