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appelé cette période : les « Cents jours ». Mais quand notre Cachin revint, changement complet, radical, capital. Un triumvirat s’installa dans un des bureaux du journal qui se composait de MM. Rosmer, Amédée Dunois, Raynaud, — tous trois dégommés depuis — et qui se mit à démissionner, à jeter à la porte de L’Humanité tous les adversaires de tendance — ceux qui avaient soutenu Cachin.

Lui, laissait faire. Il s’était enfermé dans son bureau directorial et se lavait consciencieusement les mains, pendant que fonctionnait le triumvirat. Ce fut, d’ailleurs, inénarrable. On faisait venir, l’un après l’autre, les rédacteurs du journal et on leur annonçait qu’ils étaient débarqués. Georges Pioch entra dans une colère violente et emplit les couloirs de ses protestations véhémentes. Les autres se tenaient tout petits devant lui, n’osant bouger. Cachin était toujours dans son bureau. Après quoi, ce fut le tour de Torrès qui se mit à enguirlander ses prétendus juges de belle façon et avec la voix qu’on lui connaît. Cachin était toujours dans son bureau.

Je ne me trouvais pas là ce soir-là et n’appris la chose que plus tard. Ce lâchage de Cachin ne m’étonna nullement. On en avait l’habitude. Le lendemain, je me rendis au journal où Dunois me prit à part, m’informant que je n’étais nullement visé par les décisions de Moscou. Mais mon parti était formel ; j’avais décidé de me solidariser entièrement avec mes amis vaincus.

Déjà Gassier, qu’on suppliait de demeurer au journal, avait annoncé sa démission. Amédée Dunois