Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le dire aujourd’hui : ce sont des petits trucs que tous les amateurs connaissent — par les camarades conscients et superbement organisés. J’ai même vu de bons citoyens qui, à l’aide de ces cartes, votèrent cinq ou six fois pour moi, par procuration.

Résultat. Il me manqua environ trois cents voix. Cent cinquante suffrages déplacés et le pauvre Léon Riotor était battu. Il n’a dû son siège qu’à l’absence des maçons et terrassiers limousins qui besognaient dans le Nord et dans le Pas-de-Calais. Supposez que ces braves gens se soient trouvés sur place, ça y était. J’étais conseiller municipal de Paris. Je l’ai échappé belle.

Les électeurs aussi.

Mais quelle campagne ! Un matin, un de mes fidèles vint me réveiller chez moi. J’étais éreinté. Je m’étais couché vers les trois heures, dans la nuit. Il me dit :

— Allons, debout ! Nous allons faire une tournée.

— Une tournée… Où ça ?

— Tu verras… Il y a, au moins, deux cents voix à gagner.

Je le suivis en maugréant. Il m’expliqua, en route, qu’il fallait voir les Juifs algériens, très nombreux dans le patelin. Ces bougres-là, pour la plupart, étaient établis bistrots ou coiffeurs. Il me conduisit directement devant un comptoir crasseux, dans une ruelle qui filait vers les quais…

— Bonjour, les amis… Je vous présente le candidat socialiste.

Une douzaine de citoyens furent aussitôt autour de