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menait alors le Comité de la Troisième Internationale — nous étions à la veille du Congrès de Tours — cherchait un candidat et ne le trouvait point.

Il ne le trouvait pas parce qu’il n’y avait aucune chance de succès, dans le quartier Saint-Gervais, infecté de nationalisme, pour un citoyen se réclamant des doctrines soviétiques. Tous ceux qu’on avait tâtés s’étaient récusés sous divers prétextes. C’est alors que d’excellents camarades songèrent à moi.

Je commençais par refuser net. J’en avais assez de ces blagues-là et une première expérience me suffisait largement. J’avais pu, à mon aise, juger de l’incurable stupidité de la masse électorale, friande de boniments, pâte molle qu’on fait lever avec des promesses, des bobards, des déclamations. Par malheur, le Comité de la Troisième Internationale avait fixé son choix. Il y eut, un soir, une séance orageuse.

— Je ne veux pas être candidat, expliquais-je. D’abord, nous n’avons nullement besoin d’envoyer quelqu’un au Conseil municipal, puisque nous allons chambarder la société (n’oubliez pas que nous préparions activement le Grand Soir).

— Il ne s’agit pas de cela, me répondit-on. Il faut saisir l’occasion de propagande qui nous est offerte. Nous irons prendre contact avec les foules du quatrième.

— Dans ce cas, désignez-en un autre… Je ne suis pas terriblement orateur.

— Ça ne fait rien. D’autres t’aideront.

Je m’obstinais. Alors le camarade Cartier, un vieux brave type qui portait d’énormes moustaches et