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de ressusciter cela par la pensée, et vous aurez une faible idée des soirées orageuses de la Chope.

Aujourd’hui, tout est dispersé, évanoui. Chacun a fait son trou, à sa manière. Les uns à la Chambre ; les autres dans le journalisme et le père Escat dans la terre. L’âge s’est apesanti sur les fronts, et la guerre infâme a passé sur nous. Jeunesse ! Toute notre jeunesse ! De temps en temps, poussé par la nostalgie, je risque une incursion dans la salle oblongue de la rue de la Harpe. Plus rien. De l’ombre, de l’humidité, de la tristesse. Notre jeunesse est morte.

Il faut dire adieu à la Petite Bohème.

Mais y a-t-il encore, dans les parages de l’Institut, autour du boulevard Saint-Michel, des tavernes empuanties où des grappes de jeunes gens rêvent de l’avenir et préparent leur lendemain en vidant des tonneaux de bière et en soufflant leurs illusions au plafond ?