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Quand vous verrez le député du Gard, demandez-lui donc comment Cabannes faillit être dénoncé par une jeune dame dont il avait entrepris la conquête dans un train, comme « défaitiste », et comment il rata ainsi le plantureux repas que lui offraient ses amis de Nîmes. Demandez-lui de même de vous narrer l’aventure du délégué permanent aux prises avec une jeune boniche de soixante-deux ans… Vous passerez un bon moment.

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Les ai-je bien tous évoqués ? Je voudrais vous dire un mot du bon Théo-Bretin, qui fut et redeviendra député de Saône-et-Loire. En ce temps-là, on le voyait, de loin en loin, débarquer à la Chope, outrageusement barbu, quelque peu gueulard, jovial, la poignée de main franche, le rire bon enfant.

Il arrivait, tout poussiéreux encore de ses randonnées sur les routes, dans son habit de velours à grosses côtes, avec son immense lavallière flottant au vent. Mais il laissait au pays son fusil de braconnier et ses écoliers (car Théo était instituteur, avant de devenir, comme Cabannes, délégué permanent, puis député). Après quoi, il disparaissait de nouveau. Durant des semaines, on ne le voyait plus.

Imaginez, maintenant, toute cette équipe réunie autour d’une table ; entassant les soucoupes les unes sur les autres, tétant leurs pipes et, sans se soucier le moins du monde du voisin, pérorant, discutaillant, tonitruant, à grand renfort de coups de poing sur la