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et, parfois, l’interrogeait. Duc lui fournissait la réplique sur tous les terrains, aussi à l’aise quand il traitait du grec que lorsqu’il parlait des dialectes juifs. Je ne pense pas qu’on puisse aujourd’hui rencontrer encore des érudits de cette trempe.

Pauvre Duc ! Qu’est-il devenu ? La dernière fois que je le vis, il me confia qu’il cherchait une place de correcteur. Il avait considérablement vieilli et se trouvait sans ressources. Il appartenait à ces générations qui ne s’enrichissaient point dans la chose révolutionnaire. Ses petits travers, au fond, étaient légers en regard de ses qualités immenses. Je l’ai beaucoup blagué. Je l’ai, néanmoins, aimé. Que si ces pages tombent sous ses yeux, il les parcoure avec son indulgence ordinaire, et pardonne.

Du reste, il me jugeait, lui, assez bizarrement. Comme le Grand Chose, certain soir, lui confiait qu’il allait me retrouver quelque part, Duc-Quercy levait ses bras au ciel et s’écriait :

— Vous allez voir Méric ? Prenez garde, mon enfant. Vous le connaissez mal. C’est un fou… Un fou !… Un fou !…

Il faut que je vous dise que nous étions alors en pleine période hervéiste et insurrectionnelle, à l’heure des batailles pour Liabeuf, et que, ma foi, ce brave Duc-Quercy n’avait pas entièrement tort.


IX

En vérité, si j’étais « fou » selon l’expression de ce brave Duc-Quercy, je ne me trouvais pas le seul