Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme on peut voir, ce bon M. Massard était tout à fait qualifié pour dénoncer l’article infâme de la Guerre Sociale. Mais il n’était pas le seul. Un autre chambardeur assagi, Gérault-Richard, s’indignait en ces termes (Paris-Journal) :

« Celui sur le compte de qui (sic) la Guerre Sociale ouvre le macabre référendum que l’on sait, ne courrait donc aucun risque si la sentence devait être exécutée par l’auteur de l’article. Les écrivains et les orateurs épuisent en paroles et en écrits leurs réserves de violence. Il leur arrive rarement de passer aux actes. »

D’une façon générale, l’impression dominante était que l’auteur anonyme de l’article meurtrier s’avérait un lâche. Il armait le bras des autres, mais se tenait prudemment dans l’ombre. Et tous les journaux de désigner la victime expiatoire que je n’avais pourtant pas nommée. Tous de reconnaître Clemenceau. C’était flatteur pour le vieil homme d’État.

Là-dessus, le Temps annonça des poursuites et des perquisitions.

Ça devenait de plus en plus sérieux. Mais nous nous tordions de plus en plus, à la Santé.

Et le macabre référendum, comme disait Gérault-Richard, se poursuivait. Et les papillons continuaient à voltiger. « Doit-on le tuer ? Doit-on le tuer ? »

Pendant plusieurs jours, la grande presse ne décoléra point. Chaque matin, elle réclamait des mesures énergiques, des arrestations, des condamnations. Elle suppliait le ministre intéressé de prendre des précautions et la police de veiller. Quant à l’intéressé, c’est-à-dire Clemenceau, il se laissait interviewer, après avoir arrêté net l’action du Parquet qu’il venait, tout d’abord, de mettre en branle. Et il déclarait, avec désinvolture,