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ATTENTION ! DOIT-ON LE TUER ?

De qui était-il question ? Et qui devait-on tuer ? On se gardait bien de le dire. Mais il ne faut pas oublier que nous vivions sous le règne de Clemenceau, surnommé alors le Grand Flic, et qui venait de conquérir ses lettres de noblesse en fusillant les ouvriers de Draveil-Vigneux après les paysans de Narbonne. Et l’article que je publiai, dans le journal de Gustave Hervé, la Guerre Sociale, était plus que significatif.

Cet article, je l’ai conservé, presque pieusement, ma foi ! Je l’ai sous les yeux. Lisez :

Doit-on le tuer ?

« Lecteurs, mes amis, vous êtes priés de concentrer toute votre attention sur cette question ?

« Surtout n’allez pas croire que nous ouvrons ici un de ces vagues concours, comme on peut en voir dans les grands quotidiens, avec d’innombrables prix à l’appui. Nous ne promettons ni argent, ni bijoux, ni châteaux, ni automobiles. Nous faisons simplement appel à la clairvoyance et à la bonne volonté de nos amis pour nous aider à solutionner un problème délicat.

Doit-on le tuer ?

« Et, d’abord, de quoi s’agit-il ? Une plaisanterie douteuse se dissimule-t-elle sous le tragique de cette effarante question ? Va-t-on nous expliquer qu’il s’agit simplement de tuer le temps ou le Bœuf-Gras (rien pour l’Élysée)[1]. Non, amis lecteurs, détrompez-vous. Nous

  1. C’était alors M. Fallières qui présidait la République. On l’appelait le Bœuf élyséen. À la même époque, G. de la Fouchardière publiait dans l’Œuvre hebdomadaire un pamphlet intitulé : Adipeux Roi.