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Une rencontre
avec Bela Kun


I


L’ancien dictateur de Hongrie, qui vient d’être condamné à une peine, fort heureusement légère, et qui échappe aux rigueurs de l’extradition, va pouvoir reprendre bientôt sa carrière mouvementée d’agitateur[1]. Et cela me permet, jetant un coup d’œil en arrière, de vous silhouetter le fameux révolutionnaire, tel que j’ai pu l’observer et le croquer rapidement, à Berlin, en pleine période insurrectionnelle.

Il nous faut remonter en 1921, quelques mois après ce Congrès de Tours qui vit la rupture de l’unité socialiste sous l’œil vigilant de l’inoubliable Zalewsky, l’homme aux chèques, disparu depuis, et demeuré introuvable.

Le communisme, en ce temps, paraissait triompher en France. Ces pauvres S. F. I. O. n’avaient plus de troupes, plus de contact avec les foules. Ils perdaient, chaque jour, du terrain. L’Humanité, le journal de Jaurès, passé aux mains du bolchevisme, exerçait une influence profonde sur les masses.

On croyait, d’ailleurs, dur comme fer, que cette « prise du pouvoir », au sein du parti socialiste traditionnel, allait précéder l’autre, la grande. On ne rêvait que de ré-

  1. Ces lignes étaient écrites à l’heure où Bela Kun était emprisonné, en juillet 1928.