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des petits hommes contemplateurs de leur nombril. D’Axa, c’est le nomade épris fougueusement de liberté, — la liberté sans rivages, disait Vallès — qui ne peut se plier aux disciplines sociales, mijoter dans ces géhennes que sont les cités modernes, auquel il faut l’espace à dévorer, la route qui s’allonge interminablement — parmi des chants d’oiseaux et sous la caresse du soleil…

Quand il se rebelle, quand il pousse le cri de révolte, c’est que les hideurs, les injustices, les saletés lui gâtent le paysage, polluent son horizon. Que lui importent les masses inertes et veules cuisant dans la marmite de la servitude ! Il ne prétend pas poursuivre leur libération, envers et contre tous. C’est à l’individu de se libérer, de suivre son instinct, hors les lois, hors les préjugés, hors les morales courantes… selon ses aptitudes et ses possibilités. « Il suffit d’oser », affirme-t-il.

Tant pis pour l’individu, s’il se laisse enliser dans les sables mouvants de la bêtise, de l’ignorance, de la malfaisance. Mais d’Axa n’exalte point, cependant, cette contrefaçon de l’individualisme qui met l’arme au poing d’une brute et tend simplement à substituer un satisfait nouveau à un ancien satisfait, à placer Caliban dans le lit du duc Prospéro.

Il ne veut pas davantage ajouter foi aux demains édéniques. Peut lui chaut que le paradis soit déplacé et qu’au lieu de le désigner en haut, on nous le désigne, maintenant, à l’horizon fuyant.

« C’est mentir que promettre encore après tant de promesses déjà. Les prophètes et les pontifes nous bernent en nous montrant, dans le lointain, des temps d’amour. Nous serons morts ; la Terre promise est celle où nous pourrirons. À quel titre, pour quels motifs, s’hypnotiser sur l’avenir ? Assez de nuages ! »

Ainsi s’exprime-t-il. On conçoit que cet En-Dehors